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Lors de l’audition de la Cour des comptes consacrĂ©e au MĂ©tro 3, le constat est tombĂ© comme un couperet : le fiasco n’a rien d’accidentel. Il est le fruit d’une gestion prĂ©cipitĂ©e, opaque et politiquement forcĂ©e, menĂ©e au dĂ©triment de l’intĂ©rĂȘt collectif.

🐂 La charrue avant les bƓufs

Le chantier a commencĂ© avant mĂȘme de savoir si le projet Ă©tait justifiĂ©. DĂšs 2011, des dĂ©cisions structurantes ont Ă©tĂ© prises alors que l’étude d’opportunitĂ©, censĂ©e en Ă©valuer la pertinence, n’a Ă©tĂ© livrĂ©e qu’un an plus tard.

RĂ©sultat : tout s’est fait dans la prĂ©cipitation. L’envie d’annoncer a pris le pas sur la rigueur technique et financiĂšre. Les bases Ă©taient fragiles, les coĂ»ts sous-Ă©valuĂ©s, et certaines dĂ©penses
 tout simplement oubliĂ©es.

đŸ—ïž Construire sur du sable

Le MĂ©tro 3 souffre d’un grave manque d’études prĂ©alables. Qu’il s’agisse du tunnel sous le Palais du Midi ou de la gare du Nord, plusieurs choix majeurs ont Ă©tĂ© faits sans rĂ©elle connaissance du sous-sol.

Pire encore : certaines archives techniques n’ont mĂȘme pas Ă©tĂ© consultĂ©es. Un oubli qui a provoquĂ© des blocages, bouleversĂ© la planification et fait exploser les coĂ»ts. Face Ă  tant d’imprĂ©paration, les risques ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s aux entrepreneurs privĂ©s, accentuant encore la fragilitĂ© du projet.

Amnésie urbanistique et méconnaissance du sol

Comment oublier que Bruxelles est bĂątie sur d’anciens marĂ©cages et zones instables ? Une Ă©tude gĂ©ologique sĂ©rieuse aurait dĂ» s’imposer comme une Ă©vidence. À dĂ©faut, on rĂ©colte aujourd’hui inondations, retards, surcoĂ»ts et solutions de fortune. Autant de symptĂŽmes d’une ville qui semble avoir perdu la mĂ©moire de son propre territoire.

Bruxelles, un gruyĂšre Ă  ciel ouvert

Bruxelles ressemble dĂ©sormais Ă  un gruyĂšre gĂ©ant, percĂ©e de chantiers Ă  l’abandon. Ces trous bĂ©ants, souvent laissĂ©s sans perspective, dĂ©figurent durablement des quartiers entiers.

Le Métro 3 devait relier la ville. Il la morcelle.

⏰ Course contre la montre, calendrier explosĂ©

Pour tenir un calendrier politique intenable, les procĂ©dures ont Ă©tĂ© accĂ©lĂ©rĂ©es jusqu’à l’absurde. Les appels d’offres ont Ă©tĂ© lancĂ©s dans l’urgence, malgrĂ© les avertissements des bureaux d’étude.

RĂ©sultat : la mise en service prĂ©vue pour 2020 est dĂ©sormais repoussĂ©e Ă  2035 au plus tĂŽt. Deux chantiers essentiels sont Ă  l’arrĂȘt depuis plus de deux ans, tandis que le coĂ»t global a Ă©tĂ© multipliĂ© par cinq, atteignant 4,7 milliards d’euros.

Opaques jusqu’au bout

Fait tout aussi inquiĂ©tant : la Cour des comptes n’a pas pu accĂ©der Ă  tous les documents demandĂ©s Ă  la STIB. Impossible donc de rĂ©aliser un audit complet et transparent des dĂ©penses engagĂ©es. Une situation inadmissible, qui pose de sĂ©rieuses questions sur la gouvernance, la responsabilitĂ© politique et le contrĂŽle dĂ©mocratique.

En conclusion

Le MĂ©tro 3 illustre Ă  lui seul tout ce qu’un grand projet public ne devrait jamais ĂȘtre : improvisĂ©, mal prĂ©parĂ©, et pilotĂ© Ă  vue. Les coĂ»ts explosent, le calendrier s’effondre, et la confiance s’érode.

Il est urgent de tirer les leçons de ce naufrage. La rigueur, l’évaluation et la transparence doivent redevenir la rĂšgle — et non l’exception — dans la gestion des grands chantiers publics.

 

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